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« House of the Dragon » ou le grand spectacle de la frustration

Si vous n’avez pas encore passé le seuil de la maison du dragon, sachez que la fin de la deuxième saison vous prendra au moins au dépourvu, au pire à rebrousse-poil, puis reprenez l’histoire de la dynastie Targaryen au premier épisode. Ce qui suit est destiné aux familiers de House of the Dragon, qui ont suivi la série de ses balbutiements – car il faut bien convenir que la première saison manquait d’assurance – à son épanouissement, au fil des huit épisodes de la deuxième saison, jusqu’à l’antiparoxysme qui lui sert, provisoirement, de finale.
Un mot, d’abord, sur la brièveté de cette saison : huit épisodes, c’est peu, même s’ils durent souvent plus d’une heure. Le créateur de la série, Ryan Condal, a maintenu que ce format réduit (la première saison comptait dix épisodes) résultait d’un choix créatif, mais on sait que, depuis la fusion entre Warner Bros et Discovery, la multinationale dirigée par David Zaslav se préoccupe plus de réduction des coûts que de l’épanouissement des œuvres et de leurs auteurs.
Les connaisseurs, ceux qui ont lu toute la production de George R.R. Martin, dont le récit qui a engendré House of the Dragon, situé deux siècles avant les événements relatés dans Game of Thrones, s’attendaient à prendre congé de la série (la troisième saison sera tournée début 2025, on la verra probablement un an plus tard) sur une explosion de violence.
Pendant des heures, Ryan Condal a laissé les tensions bouillonner à petit feu. L’affrontement entre les deux branches de la maison Targaryen a produit plus de longs dialogues sur la responsabilité des souverains, le sort fait aux femmes – fussent-elles souveraines – et l’imprévisibilité de la chose politique que de batailles apocalyptiques. A l’exception du quatrième épisode qui vit un affrontement interarmes (fantassins, cavalerie et dragons ailés) au terme duquel le roi Aegon finit rôti, mais vivant, et la reine Rhaenyra fort dépourvue de monstres.
Ce premier climax reste donc sans lendemain. La série a repris sa chronique minutieuse des états d’âme de ses royaux protagonistes. Rhaenyra (Emma d’Arcy) a avancé en âge et en sagesse, et sa réticence à engager le combat, afin d’épargner des vies innocentes, est aussi admirable que frustrante pour les abonnés à Max, qui en (ce pronom recouvrant ici des flots de feu et de sang) veulent pour leur argent. Pendant ce temps, son oncle et époux, Daemond (Matt Smith), se morfond dans un château lointain, où il hésite au bord de la trahison, travaillé par des rêves qui feraient le bonheur du docteur Philippe Dayan, le psy d’En thérapie.
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